Sélectionner une page

Histoire du Lycée Saint Joseph d'Avignon

Notre Lycée a plus de 500 ans… d’histoire

Etablissement sous tutelle de la Compagnie de Jésus

1553 Le « 1er Collège »

Créé seulement 9 ans après
la mort d’Ignace de Loyola.

200 ans de succés
Une pédagogie nouvelle

Mais, en 1768 :
expulsion des jésuites

Arrivée jésuites et 1er Collège
Au XVme siècle se développe à partir du Sud de l’Europe (Italie, Provence) un grand mouvement de pensée qui affecte tous les domaines : politique , économique, social, religieux, artistique, et intellectuel. Ce mouvement qu’on a appelé “Humanisme” (de Humanus , humain) entend rompre avec la pensée et le style de vie médiévaux et a pour finalité l’épanouissement maximum de toutes les possibilités positives de l’homme, dans sa vie personnelle comme en société.
Dans le domaine de l’éducation, l’humanisme remet au premier plan l’esprit et les savoirs de l’antiquité ; il entend dispenser un enseignement qui équilibrera harmonieusement le corps, la tête, et l’âme. Au XVIme siècle, les Jésuites, jeune Ordre dynamique, se font les champions de cette “nouvelle éducation”.
Le collège d’Avignon a failli être le plus ancien des collèges ouverts en terre Française. Son projet date en effet de 1553, du vivant d’Ignace de Loyola et des toutes premières années de la Compagnie. Mais des péripéties retardèrent ce projet qui ne prit corps que 10 ans plus tard, et Avignon ne fut finalement « qu’un » des premiers collèges ouverts sur le territoire français.

1553 : Premier essai raté
Lorsque le nouveau légat, le cardinal Alessandro Farnèse, fait son entrée à Avignon, le 16 Mars 1553, il y a dans son cortège deux Pères jésuites (ou plutôt, comme disent les chroniqueurs de l’époque : « 2 membres de l’Institut de Clercs Réguliers récemment fondé par maître Inigo de Loyola »). Ces deux pères sont là pour réaliser un projet précis du cardinal légat : ouvrir un collège à Avignon et même déjà choisir son emplacement dans la ville. On peut être surpris car la Compagnie n’avait encore que 12 ans d’existence, elle ne s’adonnait à l’enseignement que depuis 5 ans, et sa 1ère fondation (le Collège Romain) n’était même pas encore achevée. Mais , outre qu’il était le petit-fils de Paul III (le pape qui venait d’approuver la Compagnie et la protégeait puissamment), le cardinal Farnèse avait des liens d’amitié personnels avec Ignace de Loyola. Avant de partir pour Avignon, il lui avait demandé d’y ouvrir un collège et on pouvait difficilement le lui refuser. Mais ce projet, qui paraissait pourtant bien engagé, va prendre 10 ans pour se réaliser. Il y avait déjà 4 collèges à Avignon plus 6 noviciats des Ordres religieux, mais ils fonctionnaient encore sur le mode médiéval et un collège humaniste, tel celui des jésuites, aurait été bien venu. Mais, manque de chance, l’année précédente, le conseil de ville avait signé un contrat avec un maître qui avait ouvert un de ces collèges à la nouvelle mode : le collège St Paul. Financièrement c’était déjà une charge suffisante pour la ville…et les pères jésuites repartirent.

1565 Le « 2eme » Collège »

1er Né des nouveaux
collèges Jésuites

A l’emplacement de l’ancien
couvent des Cordeliers

1/2 siècle de constructions
et le même succès que le 1er

Emplacement du 2eme Collège Jésuite

Plan frère Martelange

Plan final

1564 : deuxième essai réussi
10 ans plus tard, le cardinal Farnèse a toujours en tête son idée de collège, il l’a même plus que jamais car les vieux collèges d’Avignon ferment leur porte les uns après les autres et le protestantisme progresse partout dans la région (plus ou moins soupçonnée d’hérésie, l’université elle-même vient de fermer). Cette fois le terrain est mûr : le Père Général (Jacques Lainez) tout frais rentré du Concile de Trente ne fait aucune difficulté pour accorder des Pères et le conseil de ville n’en fait aucune pour mettre la main à la poche car  » les jésuites offraient des garanties de stabilité et d’orthodoxie qu’il était de plus en plus difficile de trouver « 
Bref, cette fois, le projet prend corps et se réalise : en Novembre 1564 les pères prenaient possession de la maison de la Motte, allouée à eux par le conseil de ville, et le premier mois de l’année 1565,  » un peu retardés par la peste qui sévissait jusque là dans la ville « , les cours s’ouvrirent.
Si le nouveau collège (notre lycée) a été construit d’un seul jet fin XIXme et selon un plan bien déterminé, il n’en fut pas de même de l’Ancien Collège. Partis de bâtiments disparates, données par le Conseil de Ville en 1564. Il se modfia peu à peu.
On peut cependant le compter dans l’architecture jésuite car il comporte quelques éléments (comme l’arceau jeté sur la rue Mistral, ou le grand portail) qui sont une signature jésuite.

1572 – Noviciat
En 1572, le noviciat est créé et s’installe en surplus dans ces bâtiments. C’en fut trop ! Et à la demande des pères, le conseil de ville achète une maison de l’autre côté de la rue pour y installer les salles de classe.
A ce moment-là, le Frère Martellange, architecte officiel de la Compagnie, est appelé pour dresser les plans d’un collège “ selon la Compagnie ”.

Mais ce plan ne pourra jamais se réaliser car le collège d’Avignon s’était trop bâti de bric et de broc pendant un demi-siècle

Que reste-t-il de l’ancien collège ?

à l’exterieur
Presque rien !
Côté Ceccano :
– L’aile du noviciat au nord de la cour (côté St Didier)
– Le grand bâtiment gothique donnant sur la rue Prévôt
– La grosse tour Nord.
Côté Petit Lycée :
– L’arc au dessus de la rue
– Le portail
– La cour.

à l’intérieur
Peu de choses !
Côté Ceccano :
– Dans la tour de la Motte, l’escalier Martellange
– Au rez de chaussée du bâtiment central, la vaste salle de la 1ère église avec plafond à poutres apparentes et portes plein cintre à pilastres
– Cà et là, quelques plafonds et portes du XVIIe
Côté Petit Lycée :
-La porte de l’ancienne salle des Actes avec son fronton I H S
-Un escalier de Martellange, pendant de celui de la tour de la Motte

Une Longue Histoire – 1565 – 1850

RÔLE DANS LA VILLE

De 1564 à 1768, le collège des Jésuites joua un grand rôle dans la vie de la ville d’Avignon. Les hautes personnalités religieuses ou politiques de passage dans la ville étaient systématiquement reçues au collège où certaines même s’installaient pour la durée de leur séjour. 
A chaque grand événement : “Entrée” d’un chef d’Etat, fête en l’honneur d’une naissance royale ou cérémonie en l’honneur d’un illustre mort, élèves et Pères du collège étaient chargés d’organiser la fête, de composer et prononcer les panégyriques, de  “donner la comédie”. Par ailleurs, on donnait au collège des représentations d’élèves (théâtre, danse) qui étaient ouvertes au public avignonnais. 
Enfin, soucieux d’éduquer leurs élèves dans la charité, les Pères les faisaient participer activement à un grand nombre d’oeuvres sociales à travers la ville. Ainsi le collège tenait-il une part importante dans la vie de la cité.
Evolution
Avignon, et avec lui le collège, s’associaient avec le même empressement à tous les évènements qui intéressaient la ville, la papauté, ou la famille royale de France;
– Légats et archevêques fréquentaient beaucoup le collège. Ainsi le Cardinal d’Armagnac ne laissait passer aucune occasion de venir diner avec le Père Recteur et c’est lui qui présida la première distribution des prix.
– C’est au collège que l’Archevêque Mgr Tarugi voulut recevoir les félicitations des autorité locales lors de sa promotion au cardinalat.
– Lors des visites de grands personnages (rois ou ambassadeurs), c’était le collège, élèves et Pères, qui étaient chargés de l’accueil. Ainsi en 1600 pour l’entrée de la reine Marie de Médicis, ils avaient organisé un parcours dans la ville jalonné d’arcs de triomphe en feuillage et intitulé : “le labyrinthe de l’Hercule Gaulois triomphant” (Il s’agissait d’Henri IV évidemment). Les visiteurs royaux venaient le lendemain au collège remercier les élèves et c’était l’occasion de donner une “représentation”. Ainsi en 1622, les élèves jouèrent et dansèrent devant Louis XIII une pièce de leur composition (« le duel de la juste rigueur et de la clémence ») sur une musique  d’un Père du Collège jouée par un orchestre d’élèves. Ces exemples montrent la grande place que tenait le collège dans la vie locale. Aussi attirait il tous les personnages importants de passage ou en séjour à Avignon.
– Le collège ne se bornait pas à accueillir les hôtes de marque. Il s’ouvrait dans les grandes circonstances, aux avignonnais de tout rang. Les élèves en effet donnaient régulièrement des représentations théâtrales, des concerts, des soirées littéraires, où le public avignonnais était admis. Cette tradition demeurera longtemps, ainsi un des premiers soucis des Pères Jésuites lors de la construction du nouveau collège, au XIXme siècle, fut de bâtir un théâtre ouvert sur la rue des Teinturiers afin que le public avignonnais puisse y accéder facilement.

AU XVIIIe

Esprit Calvet (1728-1810) médecin à Avignon mais aussi archéologue et orientaliste. Avait constitué un « cabinet d’antiquités » extraordinaire (en particulier d’objets égyptiens). A créé le 1er musée public à Avignon.

François Morenas (1733-1775). Historien mais surtout journaliste. Créa la presse moderne à Avignon, son journal : le “courrier d’Avignon”, malgré son nom, était un journal de presse internationale qui se vendait dans toute l’Europe. Graçe à l’absence de censure dont jouissait alors Avignon il était particulièrement critique

La plupart des grands artistes avignonnais des XVIIme et XVIIIme siècle sont des anciens élèves du collège :
– des architectes : Royer de la Valfenière (1575-1667) ; Pierre Mignard (1640- 725) ; Jean-Baptiste Franque (1683-1758).

– des peintres : Les Parrocel (1634-1739) ; Le père Louis à la fin du XVIIme et ses deux fils Ignace et Pierre ; Joseph Vernet (1714-1789), fils d’un modeste « peintre d’armoiries et de chaises à porteurs », mais formé au collège d’Avignon puis en Italie, il fut le grand peintre de “marines” et de “vedute” (paysages, ruines…) du XVIIIme siècle.

Des personnages importants de la ville ou de la région, tous ont été en même temps des savants ou des érudits. On peut citer les plus connus :
Au XVIIme, des anciens élèves de Kircher :
Fabri de Peiresc (1580-1637), Conseiller au Parlement de Provence mais aussi grand astronome, élève de Galilée, a établi la 1ère carte de la lune, a fait la 1ère observation de Mercure, a découvert la nébuleuse d’Orion,…
Tonduti de St Léger (1583-1669). Professeur de droit à l’université d’Avignon dont il était le primicier (Recteur) mais aussi collaborateur de Gassendi. A corrigé les tables de Kepler, a fixé le système des Latitudes et Longitudes.
Nicolas Saboly (1614-1675) musicien et poète, compositeur de messes, motets, mais surtout connu chez nous pour ses Noëls (a recueilli, noté,puis arrangé musicalement des centaines de Noêls populaires en provençal, parfois très anciens (du Moyen Age) qu’on chante encore chaque année dans toutes les églises de Provence à Noêl.

LA FIN de L’ANCIEN COLLEGE

A la fin du XVIIIme siècle, dans le contexte des « idées nouvelles » (celles des Philosophes des Lumières, volontiers anticléricales) et sous la pression des principaux monarques européens, le pape Clément XIV interdit la Compagnie de Jésus.
En 1768, cette interdiction déjà appliquée depuis 4 ans dans le royaume de France voisin, atteint Avignon que les Jésuites doivent quitter… Ce départ sonne la fin de l’Ancien Collège.

Un départ tragique
En 1768, les troupes du roi de France (Louis XV) occupent Avignon. Aussitôt est appliqué le décret d’interdiction de la Compagnie de Jésus qui s’exerçait déjà depuis 4 ans dans le royaume de France.
Le 11 Juin 1768, quatre compagnies royales prennent position dans le collège dont les cours ont été suspendus, mais les pères ne partirent que le 1er Août car, à cause de la foire de Beaucaire, on n’avait pu trouver assez de voitures à chevaux pour les transporter.
Le dimanche 31 Juillet, fête de St Ignace, ils purent célébrer une dernière fois la messe dans leur église, mais entre eux et portes closes.
Le lendemain matin, ils sortirent en procession du collège au milieu d’une foule d’élèves et de parents qui attendaient dans la rue. Chacun n’emportait que son bréviaire, son crucifix, et quelques livres ou souvenirs personnels ( mais depuis plusieurs mois les pères avaient vidé la maison en transportant bon nombre de choses dans des couvents amis et en vendant tout le reste, ils avaient même organisé une véritable journée « portes ouvertes » pour tous les acheteurs).
La procession avança lentement au chant de l’In Exitu jusqu’à la place des Corps Saints, puis la porte St Michel. Il y avait à l’entrée de la route de Tarascon, au milieu des champs cultivés, une grande statue de la Vierge élevée lors de la peste de 1722, ils s’agenouillèrent à ses pieds et leur supérieur les bénit (il eut du mal à achever sa phrase tant il était ému). La petite foule d’élèves et de parents qui les avait accompagnés (environ 600 personnes) pleurait. Les soldats surveillaient la scène de loin…
Après la bénédiction de leur supérieur, les pères se relevèrent, s’embrassèrent, embrassèrent leurs amis, et se dispersèrent dans toutes les directions.

Un nouveau sort pour le collège
Le collège resta fermé un an, jusqu’au 22 Avril 1769, où il rouvrit avec les Bénédictins de St Martial, mais cela ne marcha pas… ! En 1781, il ne restait que 69 élèves. Le conseil de ville les confia aux Doctrinaires jusqu’en 1792 où Avignon fut rattachée à la France : le collège fut alors définitivement fermé, et on y caserna un régiment de hussards, hommes et chevaux.
Le 30 Fructidor An IX, un décret oblige chaque chef-lieu à ouvrir un collège : les hussards sont transférés au Palais des Papes et on restaure l’ancien collège qui rouvre ses portes le 8 Janvier 1810.
Comme lycée impérial sous Napoléon 1er, puis royal sous Louis XVIII, Charles X, et Louis -Philippe, puis de nouveau impérial sous Napoléon III, et enfin Républicain à partir de 1870, ce lycée fonctionnera pendant 160 ans.

1870…

1914…

1940…

A chaque guerre
le Collège devient
hôpital militaire.

Les cours continuent
au milieu des soldats
et des blessés.

1940-1945

Le Collège est le centre d’un important réseau de résistance.

Sur les terrasses du 3e étage, un poste capte les émissions de Londres,
diffusées ensuite dans tout le midi, et est le premier à capter
l’appel du 18 Juin…